Road trip en Nouvelle Zélande #3 // où je rencontre des montagnes rivales

Tongariro

Troisième volet de mes aventures au pays des Kiwis ! Si vous avez loupé les épisodes précédents, ils sont ici et … Voyager en Nouvelle Zélande, c’est s’exposer à l’éventualité d’une météo pouvant changer du tout au tout. Il faut le savoir, il faut le prévoir ! Vouloir éviter une tempête peut vous amener à traverser la moitié du pays ! C’est ainsi que je me suis retrouvée à faire un « petit » détour par Napier au lieu de me diriger vers Tongariro, où j’arriverai avec deux jours de retard par rapport à ce que j’avais prévu. Enfin prévu… envisagé !

« A L’EST, IL FERA PLUS BEAU ! »

C’est ce que je m’entends dire alors que je plante ma tente sous des trombes d’eau non loin de Taupo. La tempête va durer plusieurs jours. Elle arrive de l’île Sud et va se déplacer ensuite à l’Ouest. Très bien, la route qui va de Taupo à Napier est réputée être plutôt sympa et l’architecture Art Déco, ça me plaît bien. Alors le lendemain je prends mes cliques et mes claques en direction de la côte Pacifique.

Napier, comme sa cousine américaine Miami Beach, a été frappée par un cataclysme au début du 20e siècle – en l’occurrence un tremblement de terre en 1931 – ayant eu pour conséquence la reconstruction de la ville dans le style architectural en vogue à l’époque : ligne géométriques et couleurs pastelles, voilà ce qui caractérise en deux mots le centre-ville de Napier.

On trouve des touches d’architecture Art Déco un peu partout en Nouvelle Zélande, mais Napier constitue un ensemble assez incroyable et, comme Miami Beach, particulièrement bien conservé. Imaginez des rues entièrement constituées de bâtiments nés dans les années trente, teintées de 21e siècle tout de même : les enseignes et devantures commerciales seraient parfois à revoir ! Cela crée un étrange mélange…

Petit détour dans le Parc de Te Urewera (j’aurais beaucoup à dire sur cet endroit, ne serait-ce qu’au sujet de son statut : ces terres n’appartiennent à personne, elles ont une identité juridique propre !) et il est déjà temps de prendre le chemin de Tongariro !

ENFIN, LE MORDOR !

Je ne devrais pas faire ça. Résumer la région volcanique de Tongariro à cette seule référence : le Mordor. Parce que Peter Jackson a trouvé ici la désolation propre à incarner le royaume de Sauron, le mont Ngauruhoe est devenu la Montagne du Destin. Je vous l’accorde, c’est plus facile à prononcer ! Mais c’est faire abstraction de la richesse des lieux en termes de paysage et de biodiversité.

Je vais passer deux jours sur place et commence mon exploration par les immenses champs de lave qui se trouvent aux pieds des montagnes. Les couleurs des sols – des noirs, des bruns, mais aussi des rouges ou ocres – la lumière intense quand bien même il ne fait pas une chaleur étouffante et la végétation basse et buissonneuse qui pousse sur ces sols arides – avec des patchs de forêts de hêtres – tout est déroutant, tout semble irréel pour un œil qui n’est pas habitué à ce genre d’environnement !

Je me suis creusée les méninges, mais au vu du temps qui m’est imparti et de tout ce que j’ai envie de voir (la liste ne fera que croître au fil de mon séjour…), je n’aurai malheureusement pas l’occasion de faire l’une des Great Walks du pays. Ces marches de plusieurs jours sont pourtant des plus réputées et ont l’avantage de vous faire quitter la foule et pénétrer des espaces sauvages que seul le marcheur (et l’oiseau, ok…) auront l’occasion de voir. Ce n’est que partie remise…

Certaines parties de ces randonnées sont néanmoins réalisables sur une journée, avec un peu d’anticipation, puisqu’il ne s’agit pas de boucles. J’ai la chance de voyager hors saison, mon anticipation sera de deux jours. Ça n’aurait probablement pas été suffisant un mois plus tard. Je me lance donc à l’assaut des volcans du Tongariro sur les 19 km de l’Alpine Crossing.

Je n’ai pas de mot pour décrire les paysages traversés. Je passe ma vie à utiliser des superlatifs en tous genres pour décrire mes voyages (parce que j’en ressors la plupart du temps époustouflée !), quelle valeur ont-ils encore ? Sur les 7 heures de randonnée (prévoir une bonne heure d’arrêt à mi-parcours au niveau des lacs), j’ai traversé des paysages lunaires sous un soleil de plomb et un ciel sans nuages, des paysages menaçants mais d’une rare beauté, un désert aride dans lequel sont venus se nicher des lacs aux couleurs invraisemblables. Est-il nécessaire d’y ajouter quoi que ce soit ?

CHEMINS DE TRAVERSE…

Ma dernière étape sur l’île Nord est la péninsule de Taranaki. Depuis Tongariro mon GPS me propose différentes routes pour y accéder mais ne semble pas décidé à me faire prendre la State Highway 43, aussi aussi appelée Forgotten World Highway.

C’est pourtant précisément celle que j’ai prévu d’emprunter. Oui, encore une fois mon GPS et moi allons avoir une petite mésentente qui va se conclure par un « la f**** » quasi définitif. Il ne me servira plus qu’à me repérer dans les villes – ce qu’il faisait déjà quasi exclusivement jusque là !

J’ai 150 kilomètres à parcourir pour atteindre Stratford depuis Taumarunui – où débute la Highway – 150 kilomètres au cours desquels je ne croiserai personne ! La route est sublime et les paysages donnent tout leur sens à ce surnom de « Forgotten World Highway ». Je suis hors du temps, dans une bulle immuable, un condensé de beauté. Les images de mondes féériques que l’on a en tête prennent ici vie. Je vais mettre beaucoup, beaucoup de temps à parcourir ces 150 kilomètres !

Et cela va être d’autant plus long qu’à mi-chemin la route se transforme en piste. Je suis au fond des gorges de la rivière Whanganui, partout autour c’est de la forêt, le soleil décline dans le ciel et je me dis soudain que si l’un de mes pneus se met à jouer les dégonflés, je risque de passer un certain temps seule, à attendre (il va sans dire qu’il n’y a pas de réseau téléphonique à cet endroit !)… Mais cette pensée s’évapore aussi rapidement qu’elle m’est venue. Quand bien même il se passerait quelque chose, il y a pire endroit pour être coincée !

LA PÉNINSULE DE TARANAKI

Fin de jour.

Je roule depuis quelques heures maintenant. Une forme étrange émerge soudain des nuages. C’est ainsi que je fais la connaissance du Mont Taranaki et sa triste histoire d’amour (é)perdu me revient soudain en tête :

Autrefois, Mont Taranaki se tenait au centre de l’île Nord avec les Monts Ruapehu, Ngauruhoe et Tongariro. Mais Taranaki et Tongariro tombèrent tous les deux amoureux de la montagne Pihanga et luttèrent pour elle. Taranaki perdit et fut banni à l’Ouest de l’île. Sur son chemin, ses larmes formèrent la rivière Whanganui et il est dit que, lorsque les nuages cachent son sommet, Mont Taranaki pleure toujours la montagne Pihanga.

Le Mont Taranaki, c’est un ancien volcan, un cône presque parfait qui se dresse au centre d’une grande plaine de lave. Avec ses 2518 mètres d’altitude, c’est le second plus haut sommet de l’île Nord. Le dernier réveil du géant remonte à 1755.

Il a la tête dans les nuages, souvent, et porte un épais manteau neigeux presque toute l’année. Je ne suis malheureusement pas équipée pour en réaliser l’ascension. J’ai par contre prévu de traîner à ses pieds, dans la forêt – ce qui n’étonnera personne ayant lu le premier volet de ce voyage…

Est-ce la forme des arbres ou la présence de mousse – partout, au sol, sur les troncs et les branches – serait-ce différent si cette forêt ne portait pas le nom évocateur de Goblin Forest ? Toujours est-il qu’encore une fois je me retrouve happée par ce microcosme.

Comme partout en Nouvelle Zélande la forêt est stratifiée et dense au sol. Mais la canopée est bien plus basse. Deux espèces natives de Nouvelle Zélande sont ici présentes – les Tōtara et les Kamahi – et lorsque je lève les yeux au ciel, les volutes et les nœuds de leurs branches dessinent d’étranges ombres tout autour de moi. Mon imagination prend vite le relais et ces arbres deviennent tout autant d’êtres fantastiques tantôt bienveillants, tantôt un brin inquiétants.

Voilà, c’est fini pour cette fois ! Mais très bientôt je vous parle de l’Île Sud !

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