Road trip en Nouvelle Zélande #1 // où je tombe amoureuse de la forêt

foret nouvelle zelande

La Nouvelle Zélande fait partie de ces pays que j’ai de longue date voulu visiter. Mais, paradoxalement, l’idée d’y aller cette année m’est venue au dernier moment. C’est en réservant mes billets d’avion pour les États-Unis que je me suis décidée. Non, à San Francisco, je n’étais plus très loin de la Nouvelle Zélande*. Le fait est qu’une fois en Nouvelle Zélande, je me suis dit que je n’étais plus très loin de l’Australie… j’ai bien failli ne pas revenir!

En juillet 2015, je décide donc de passer un mois dans ce bout du monde, de mi-novembre à mi-décembre. Rien ne sera plus précis que les dates indiquées sur mes billets d’avion jusqu’à la veille de mon départ de San Francisco.

* J’écris un peu dans le désordre, mais ce voyage en Nouvelle Zélande je l’ai fait juste après deux mois passés aux États-Unis, c’est donc depuis San Francisco que je suis partie pour le pays des Kiwis !

J’atterris le 14 novembre à Auckland, toute guillerette à l’idée d’avoir sauté une journée. Je suis partie le 12 novembre de San Francisco, mais les 21 heures de décalage horaire entre l’Ouest Américain et la Nouvelle Zélande me font l’effet d’avoir fait un bond dans le futur !

Quelques heures pour m’organiser, un rapide passage au Visitor Centre du Department of Conservation (DoC) d’Auckland pour y récupérer la carte des campsites qu’ils proposent sur l’ensemble du  territoire, à la boutique Vodafone pour trouver un bidule qui me donnera accès à Internet, quelques courses (il y a des fruits et des légumes à la pelle et après deux mois au États-Unis j’ai une folle envie de tomates !), puis je prends la direction du Nord…

EN ROUTE POUR WAIPOUA KAURI FOREST

Je me retrouve vite à rouler dans la campagne, sur de petites routes ondulantes. Partout autour c’est vert, le soleil brille haut dans le ciel. C’est le printemps. Je me dirige vers les forêts du Northland, là où l’on trouve encore de vieux Kauris, espèce de conifères native de Nouvelle Zélande.

Ces arbres, qui peuvent atteindre 10 mètres de circonférence et 50 mètres de haut, ont souffert de la déforestation au cours du 19e siècle. Ils sont aujourd’hui menacés par un phytophage. Ceux qui ont survécu ne représentent qu’un faible pourcentage de la forêt originelle et les arbres millénaires se font bien rares. Plusieurs de ces forêts de Kauris sont donc aujourd’hui protégées.

C’est vers Waipoua Kauri Forest que je me dirige. J’y rencontrerai les plus grands et anciens Kauris de l’île. J’y tomberai aussi éperdument amoureuse du bush néo-zélandais, de sa richesse et de sa complexité qui le rendent bien différent de la forêt telle que je la connais en France.

Les Kauris côtoient d’autres espèces dont plus de 200 fougères différentes ! Certaines ne se trouvent qu’en Nouvelle Zélande. Parmi elles, différents « arbres fougères », oui, des arbres ! J’ai d’abord cru que c’étaient des palmiers. Ce n’est qu’en m’approchant que j’ai compris qu’il s’agissait de fougères. De loin on les discerne facilement par leur vert tendre, voire leur brun orangé, contrastant avec le vert plus dense des Kauris. Lorsque vous vous baladez en forêt, elles captent et renvoient la lumière d’une manière très particulière. Elles sont magnifiques !

Marcher seule et en silence dans la forêt Néo-Zélandaise a été une formidable expérience. Imaginez que vous évoluez dans une dense végétation, des herbes, des fougères, des mousses. Les troncs des arbres émergent de cet onctueux tapis vert et se perdent dans la canopée. Il n’y pas d’autre sons que le bruit du vent dans les branches et le chant étonnant des Tuis et des Bellbirds.

Ces oiseaux sont deux des nombreuses espèces natives du pays. Malheureusement, le Bellbird fait partie de la liste, trop longue, des volatiles menacés, comme le sont le Kiwi, le Kea, dont j’aurai l’occasion de vous reparler, ou le Kakapo, qui ne survit plus que dans quelques îles sanctuaires où l’Homme n’a pas sa place.

La Nouvelle Zélande est depuis toujours le paradis des oiseaux. Ou plutôt, elle l’a été. C’est l’une des particularités dues à son insularité : avant que nous, très chers bipèdes dits évolués, y mettions les pieds avec tout un tas d’animaux dans nos bagages, il n’y avait là-bas aucun mammifère terrestre, ce qui a permis aux oiseaux de se placer en haut de la chaîne alimentaire. Sans prédateurs, leur évolution a suivi son cours : des espèces (disparues aujourd’hui) sont devenues géantes (du coup elles ont fini dans les assiettes ou exterminées car elles étaient des prédateurs concurrents de l’Homme…) d’autres ont perdu leur capacité à voler, ce qui les fragilise aujourd’hui.

Le fait est que la Nouvelle Zélande lutte contre de nombreuses espèces introduites et invasives – animales ou végétales – qui sont tout autant de menaces pour ses écosystèmes. Les mesures prises contre celles-ci sont parfois douteuses radicales, comme l’utilisation de pilules empoisonnées en masse, balancées depuis des avions…

ET APRÈS LA FORÊT, IL Y A QUOI ?

Lorsqu’on s’aventure plus au nord, la route se rapproche de l’océan et la forêt cède sa place à des côtes alternant falaises et petites plages. Je m’arrête aux alentours d’Omapera, plus particulièrement à la Arai-Te-Uru Recreation Reserve. C‘est l’endroit rêvé pour profiter du coucher du soleil, enfin si l’on ne craint pas les créatures surnaturelles.

En effet, selon la mythologie Maori, Arai Te Uru était un « Taniwha », comprendre un monstre marin. Se tenant à l’entrée Sud de l’estuaire de Hokianga, il en protégeait l’entrée, aidé de Niua posté au Nord. A priori, je ne devrais avoir aucun problème avec ces deux là si je ne mets pas les pieds dans l’eau (hein, je n’aurai pas de problèmes dites ???).

WAIPU… OU COMMENT JE ME RETROUVE ENCORE NEZ À NEZ AVEC L’ÉCOSSE

Je ne pourrai aller plus au nord, au bout du bout de la péninsule. Sur le mois que je vais passer en Nouvelle Zélande, seule une semaine et demie sera consacrée à la découverte de l’Île Nord, de manière à me laisser deux semaines et demie pour l’Île Sud, réputée (encore) plus incroyable. Alors je mets en route avec pour objectif la péninsule de Coromandel. Traversant le Northland je me retrouve rapidement sur la côte Pacifique où je trouverai un camping du DoC à 20 mètres d’une plage.

Je vous vois venir (enfin pour ceux qui ont suivi (hihi ^^). En rejoignant le Pacifique je me retrouve sur la côte Est du Northland… côte Est, plage… vous attendez la photo du lever du soleil. N’attendez pas plus. J’avais bien mis le réveil à 5h du matin (ça m’a piqué les yeux !). Mais c’est sous la pluie que je me lève le lendemain. Dommage, je ne suis pas loin de Waipu, petite ville réputée pour ses grottes accessibles librement (mais pas quand il pleut, à moins d’avoir des branchies !). On y trouve même des vers luisants (je reviendrai sur les « Glowworm caves » dans le prochain article).

Je vais tout de même prendre le temps de m’arrêter à Waipu car les quelques lignes du Rough Guide ont réussi à me titiller… « blablabla formation par des Écossais », « blablabla Highlands Games »… Là je crois qu’il me faut aller tirer le fin mot de l’histoire !

En fait, et je le découvrirai tout au fil de mon voyage, l’Écosse est très présente dans l’histoire de la Nouvelle Zélande. Ce qui est particulier à Waipu, c‘est la manière dont aujourd’hui la ville revendique cet héritage. Panneaux signalétiques aux couleurs du Saltire et noms de lieux très évocateurs, monument dédié, musée, fresques, noms des magasins… Je me demande alors comment cet héritage est assimilé, si les habitants de Waipu vivent réellement différemment des autres Néo Zélandais.

LA PACIFIC COAST HIGHWAY

Je reprends la route. Encore une fois, je vais délibérément choisir de ne pas rester sur les grandes routes et de longer la côte. Je découvre en l’atteignant que le chemin que j’ai choisi d’emprunter est un itinéraire touristique nommé « Pacifique Coast Highway ».

Sur le moment, ça me mine un peu ce nom, « Highway »… Puis je me souviens la Highway 1 aux États-Unis et me rassure : il est fort probable que cela ne signifie pas réellement « axe ultra balisé à quatre voies larges, goudron noir profond surligné de doubles bandes blanches réfléchissantes, belles rambardes en acier inoxydable, merlons et petites haies latérales pour couper du vent et les vues et les corridors écologiques au passage » (oui, je suis un peu traumatisée par la maniaquerie dont la France peut faire preuve question aménagements routiers et ce jusque dans les coins les plus paumés…).

Je m’embarque donc sur cette Pacifique Coast Highway qui se révèle vite être à la hauteur de mes espérances. La route zigzague le long de la côte, parfois à hauteur d’eau, parfois en haut de falaises rongées par l’érosion. Il pleut à verse, l’océan n’est pas calme et l’horizon disparaît sous les nuées. Parfois l’eau et le ciel ne font qu’un. Et je crois bien que mon appareil photo va vivre l’un des pires moments de sa vie…

LA VALLÉE KAUAERANGA

Mais où est la forêt me demanderez-vous ? J’y reviens ! Le premier arrêt que j’ai prévu de faire sur la péninsule de Coromandel est la vallée de Kauaeranga. On y accède depuis la ville de Thames, ce qui accentue l’impression de se diriger vers un nul part oublié de tous. C’est encore plus fort une fois embarquée sur la piste* en cul-de-sac. Il a plu la veille et sur certains tronçons je ne fais pas la maline ! Dans cette vallée le DoC a « aménagé » différentes aires de camping – pas d’eau, juste la rivière et un panneau signalant un danger lié à la présence des pilules empoisonnées dont je vous parlais plus haut.

Je choisis d’installer ma tente dans l’aire la plus proche du Visitor Centre. On est hors saison, nous ne sommes qu’une poignée de téméraires alors cette proximité ne sera pas un problème et surtout, je pourrai avoir facilement accès à un point d’eau. Avant de poursuivre, je vous laisse m’imaginer dehors, dans la forêt, seule devant ma cabane à wa-wa, en train de me brosser les dents à la frontale… Il vaut mieux éviter de penser de quel bon film d’épouvante cette situation pourrait être la scène d’ouverture !

* Une chose à savoir, en Nouvelle Zélande, vous avez de fortes chances de vous retrouver à un moment ou à un autre sur une route non stabilisée. Même certaines Highways peuvent être partiellement gravillonnées. Et je ne vous parle là même pas des « back country roads », signalées par de grands panneaux d’avertissement du genre « Caution, vehicle damage possible ». On s’y fait vite !

Il y a tout un tas de chemins de randonnées dans la vallée, j’en choisis un qui va me mener dans les hauteurs. C’est incroyable comme la végétation peut changer en quelques mètres d’ascension ! Des petits sentiers, des ponts, des marches, beaucoup de marches en fait ! Mais d’incroyables vues sur les montagnes à travers les feuillages. Au loin, une cascade me nargue. J’aimerais avoir le temps de l’approcher.

Je vais rencontrer d’autres forêts tout au long de mon périple, dont l’une répond au doux nom de « Goblin Forest« … intriguant non ? Je vous en parlerai dans un prochain article !

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